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La Robe, une histoire culturelle

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L’histoire du vêtement féminin est fascinante car elle reflète l’évolution de la société et, en particulier, celle du rôle attribué aux femmes. Dans son ouvrage La Robe, une histoire culturelle[1], le sociologue Georges Vigarello montre comment chaque silhouette est intimement liée à une certaine vision du monde.

La robe médiévale traditionnelle couvre l’ensemble du corps, sans distinguer le bas du haut, et dissimule l‘anatomie. A partir du 13ème siècle, au moment même où le costume raccourcit pour les hommes, la robe se structure et se géométrise pour former progressivement deux cônes inversés : un haut étroit, rigide et découvert, sur un bas ample et couvrant. 

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Au cours du 16ème siècle, cette silhouette s’accentue et évolue progressivement vers un vêtement en deux parties bien distinctes. Le haut se rigidifie encore à l’aide de structures métalliques ou de fanons de baleines. Le bas s’élargit en cloche et s’alourdit à l’aide grands plis. Une nouvelle silhouette apparaît : un buste conique, étroit et raide, posé sur une jupe cloche comme un vase sur un piédestal. De deux triangles opposés, la figure passe ainsi à deux objets superposés. 

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École française, Bal des noces du duc de Joyeuse, vers 1581-1582. Paris, Musée du louvre

Au début 18ème siècle, les mécanismes de soutien de la jupe se renforcent encore par des cerceaux internes appelés « paniers ». L’évasement de la jupe est tel qu’en 1728, le cardinal de Fleury donne ordre de laisser au théâtre un siège vide de chaque côté de la reine.

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Jean-Marc Nattier, Madame Henriette de France jouant de la basse de viole, 1754. Versailles, Château de Versailles et de Trianon

Cette silhouette atteint son paroxysme au Second-Empire avec la crinoline. L’habit féminin est alors le reflet de la mécanisation du monde et de la maitrise de l’homme sur la nature. La femme est un décor : son immobilité est symbole de réussite sociale.

 

L’émancipation progressive des femmes transforme radicalement le vêtement. Un premier bouleversement s’effectue après la Révolution Française quand les Merveilleuses imposent une ligne fluide et souple, sans taille, inspirée des démocraties antiques. 

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Portrait de Juliette Récamier, née Bernard (1777-1849) par François Gérard, entre 1802 et 1805. Paris Musées / Musée Carnavalet

La Restauration politique de 1815 efface cet élan de libération du corps. Il revient progressivement à la fin du 19ème siècle sous l’influence des revendications féministes. Le corset est définitivement abandonné en 1910, faisant place à une ligne très verticale. La robe se raccourcit après la première guerre mondiale pour accompagner les années folles.

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Kees Van Dongen, Madame Jasmy Alvin, 1925. Paris, musée national d’art moderne.

L’essor du travail des femmes pousse progressivement les créateurs du 20ème siècle vers une mode pratique, fonctionnelle et facile à entretenir. En 1965, André Courrèges marque l’histoire en remontant pour la première fois la robe au-dessus du genou et en supprimant les talons. 

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Kees Van Dongen, Madame Jasmy Alvin, 1925. Paris, musée national d’art moderne.

La robe disparait peu à peu du vestiaire féminin à partir du milieu des années 60 pour faire place au pantalon. 

[1] Georges Vigarello, La Robe, une histoire culturelle, Paris, Seuil, novembre 2017

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