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Ganymède

Le modèle Ganymède est largement inspiré du travail de Madeleine Vionnet, une des plus grandes architectes de l’histoire de la mode.

Issue d’un milieu modeste, apprentie couturière dès l’âge de 12 ans, elle ouvre sa maison de couture en 1912 après avoir travaillé successivement chez les sœurs Callot et Jacques Doucet. Très inspirées par l’antiquité, elle crée des robes drapées, très architecturées. Elle invente l’utilisation du biais[1] jusqu’à lors inédit.

 

Christian Dior dira d’elle « Ce furent Madeleine Vionnet et Jeanne Lanvin qui transformèrent la profession de couturier en bâtissant de leurs propres mains et de leurs ciseaux les modèles de leurs collections. La robe devint alors un tout ; jupe et corsage obéirent au même principe de coupe. Dans ce domaine, personne n’est jamais aussi loin que Madeleine Vionnet. »[2]

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Madeleine Vionnet et son mannequin de bois © Getty

La robe Ganymède est constituée de deux parties assemblées à la taille. le corsage est moulé sur le buste pour coller au mannequin, les pinces de poitrine et de taille sont passées en fronces dans l’encolure. De petites fronces sont gardées à la taille devant pour conserver un peu de rondeur. La coulisse est attenante au corsage. La jupe est coupée en forme, avec une taille trois fois plus importante que l’origine pour placer les fronces. 

Le corsage et la jupe de dessus sont posés sur un fond de robe dont le volume est équivalent mais à l’architecture simplifiée : les fronces du corsage sont remplacées par des pinces, celles de la jupe sont supprimées. L’évasement est réduit au minimum nécessaire pour la marche.

Pour assurer l’appui de la robe sur les épaules, j’ai ajouté deux fines bretelles en passant une queue de rat dans l’encolure, que j’ai ensuite cousue au dos de chaque côté de la fermeture. Ces bretelles sont cachées par le ruban coulissé dans l’encolure. Pour la ceinture et le ruban, la difficulté a été de trouver la bonne largeur pour que le drapé et les nœuds soient harmonieux.

La fermeture est assurée par une fermeture à glissière invisible posée au milieu-dos.

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Ganymède – Toile devant

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Ganymède – Toile dos

La robe de dessus, le ruban et la ceinture sont en crêpe[3] Georgette de soie ivoire. Le fond de robe est en crêpe de soie. Avec le recul, je pense qu’il aurait été plus judicieux de fermer la robe au côté pour épurer le dos. On peut aussi imaginer une ceinture dans une matière différente de la robe pour assurer un contraste de matière.

[1]Dans la majorité des cas, les tissus sont coupés dans le droit-fil, c’est à dire selon une ligne parallèle à la lisière qui suit le fil de chaîne. C’est le sens le plus solide, qui se déforme le moins, et qui assure l’aplomb du vêtement. Parfois, les tissus sont coupés dans le biais, c’est à dire selon une ligne à 45 degrés avec la lisière, dans la diagonale. Dans ce sens, le tissu se détend beaucoup, et apporte un tombé très fluide.

[2] Christian Dior, Christian Dior et moi, autobiographie, 1956.

[3] Le crêpe est un tissu sec, légèrement élastique, grenu au toucher, naturellement souple et remarquablement fluide dans le biais. Il se distingue de la mousseline par le nombre et la torsion des fils. 

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